Notre-Dame-des-Landes Ségolène Royal veut « arrêter les frais »
« Il vaut mieux arrêter les frais » à Notre-Dame-des-Landes, a jugé la ministre de l’Environnement le 16 octobre 2016 dans le Journal du dimanche. Nicolas Sarkozy a qualifié d’« irresponsable cette position, tandis que Stéphane Le Foll a entretenu le flou sur les intentions de l’exécutif.
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« Est-il pertinent de faire prendre des risques pour une infrastructure inadaptée, comme l’ont dit les experts indépendants ? N’y a-t-il pas actuellement d’autres priorités pour la nation ? interroge Ségolène Royal dans le Journal du Dimanche. Je comprends l’exaspération devant l’occupation illégale du terrain, mais ma conception de l’État est qu’il doit être médiateur et aider chaque partie à sortir des postures. »
« Ne pas perdre la face »
« Les élus locaux ne veulent pas perdre la face, c’est compréhensible, poursuit la ministre de l’Environnement, également en charge des Transports. Mais le résultat du référendum, positif pour eux, leur permet justement de prendre acte de cette caution tout en reconnaissant que devant le blocage sur le terrain, il vaut mieux arrêter les frais. L’évacuation se ferait alors pacifiquement. »
La ministre, défavorable de longue date à une expulsion par la force des zadistes occupant le site de l’aéroport, franchit un pas de plus dans son opposition au Premier ministre Manuel Valls, qui a assuré mardi que l’évacuation des occupants du site « se fera[it] » dès « cet automne », malgré « des craintes de violences ».
« Imaginons seulement qu’il y ait mort d’homme, parmi les forces de l’ordre ou du côté des manifestants. Ce serait gravissime ! », prévient encore Ségolène Royal, rappelant le décès de Rémi Fraisse lors d’un affrontement avec des gendarmes sur le chantier du barrage de Sivens (Tarn) en octobre 2014.
Valls veut « faire respecter l’autorité de l’État »
L’évacuation de la zone occupée « devra évidemment se faire » et les travaux commencer, a répondu Manuel Valls ce 17 octobre 2016 lors de sa visite au Sial (Salon international de l’alimentation), tout en disant partager son souhait d’éviter toute violence. Le projet de l’aéroport « a été approuvé par une large majorité des habitants et des électeurs de la Loire-Atlantique » et « il faut respecter le droit ».
« Ségolène Royal affiche une préoccupation que je partage, qui est celle d’éviter toutes les violences […]. Mais moi comme chef du gouvernement, je dois faire respecter l’autorité de l’État. Ce que je demande ce n’est pas qu’on obéisse ou qu’on se conforme à la décision du Premier ministre mais qu’on respecte le vote des électeurs, c’est tout simplement ça qui fonde la démocratie, et je connais l’attachement de Ségolène Royal et à l’ordre juste et à la démocratie. »
Pour Hollande, le projet « ne verra pas le jour »
« Donc maintenant, les choses doivent se faire, mais encore une fois, avec méthode, avec la volonté d’éviter la violence », a insisté Manuel Valls, ajoutant que « l’évacuation permettant les travaux avec méthode, avec le temps nécessaire, devra évidemment se faire, c’est ça tout simplement l’autorité de l’État. Personne ne doit en douter, les travaux devront commencer, c’est prévu pas avant la fin de 2017-2018. »
Le président François Hollande, selon des extraits du livre « Un président ne devrait pas dire ça… » rendus publics mercredi, confie que l’aéroport projeté dans la Loire-Atlantique « ne verra pas le jour », semblant prendre le contre-pied de son Premier ministre. Le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, a toutefois ajouté que ces propos n’étaient plus d’actualité, le référendum (de juin) approuvant sa construction étant intervenue entre-temps.
Le Foll entretient le flou
Interrogé sur France 3, Stéphane Le Foll a entretenu le flou sur les intentions de l’exécutif, jugeant nécessaire de « prendre en compte » à la fois le résultat du référendum et la situation sur place. « Le problème, c’est que pour faire cet aéroport, vous savez ce que ça nécessite […] C’est l’engagement d’un bras de fer violent », a-t-il déclaré, insistant sur les risques de « débordements » en cas d’évacuation du terrain.
« Il faut qu’on soit aussi responsable », a estimé le porte-parole du gouvernement, tout en assurant que le projet d’aéroport n’était pas pour autant abandonné. « Il y a eu un référendum, un processus est enclenché », a-t-il justifié.
De son côté, Nicolas Sarkozy, candidat à la primaire de la droite, a pour sa part jugé « irresponsable » la position de la ministre de l’Environnement, au vu du résultat du référendum. « Pour quelqu’un qui vantait la démocratie participative, un mensonge de plus ! », a-t-il déclaré sur C8.
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